Tout savoir sur les zones humides
Comment reconnaît-on une zone humide ?
Dans une zone humide, l’eau n’est pas nécessairement visible !
Mais sa présence constitue un facteur indispensable !
Voici les 3 critères qui doivent être réunis pour qu’une zone humide se forme :
- De l’eau en quantité
- Qui circule en surface et/ou dans le sol
- Présente de manière permanente ou temporaire
Mais comment voit-on réellement qu’on a à faire à une zone humide si cette eau n’est pas tout le temps visible ?
2 indices nous permettent de qualifier les zones humides
- La végétation : les espèces végétales aiment les conditions humides; Ce sont des espèces hygrophiles. Leur présence est un excellent indicateur d’une zone humide.
- Oui, mais lorsque le terrain est cultivé, comment peut-on savoir ?
C’est le 2eme indice qu’il faut regarder : le sol ! On y trouve les traces du passage de l’eau, notamment lorsque celle-ci : stagne : on parle alors de traces de réduction. Le fer notamment se présente sous sa forme réduite en condition anaérobie, une coloration bleu-vert typique. Il peut aussi y avoir formation de tourbe, matière végétale peu décomposée qui s’accumule sur de grandes profondeurs ou connait des variations de niveau : on parle alors de traces d’oxydation. Le fer et le manganèse précipitent alors pour se retrouver sous leur forme oxydée, couleur rouille pour le fer.
Toute une histoire de chimie ! La présence de l’un de ces indices (végétation hygrophile ou sol hydromorphe) suffit à valider la présence d’une zone humide.
Quelques définitions fournies par la réglementation
Loi sur l’eau 1992 : à partir de 1992 et jusqu’en 2006 une reconnaissance législative de l’eau comme “patrimoine commun de la Nation” et une harmonisation de la gestion de l’eau au niveau européen se met en place
A quoi servent les zones humides ? Pourquoi sont-elles si précieuses ?
Les zones humides sont vitales pour nos sociétés : elles rendent des services environnementaux et ont un rôle de plus en plus important à jouer face aux dérèglements climatiques qui s’intensifient. Leur destruction est malheureusement encore trop fréquente et souvent irréversible. Or, notre société ne peut pas vivre sans une ressource en eau préservée ! Nous devons reconsidérer les services rendus par ces espaces naturels.
- L’effet « éponge »
Comme des éponges, les zones humides accumulent les eaux de pluie et de fonte des neiges de printemps. Les zones humides peuvent également, lorsqu’elles sont situées en pente, ralentir le ruissellement et faciliter l’infiltration de l’eau dans le sol. Les zones humides aident ainsi à prévenir des inondations brusques ou catastrophiques en aval. Ce phénomène a un effet significatif à l’échelle d’un ensemble de zones humides fonctionnant en réseau. C’est pourquoi il est important de préserver toutes les zones humides, même de petite taille. - L’effet d’étalement
Dans les plaines alluviales, les zones humides proches des fleuves et rivières (prairies humides, forêts alluviales, bras morts) stockent les débits de crue, permettant à l’excès d’eau de se répandre, ce qui réduit la hauteur des inondations. De plus, en fonction de la rugosité (obstacles opposant une résistance à l’écoulement, par exemple la végétation) de la zone humide, la vitesse de la crue sera modifiée : plus la rugosité est grande, plus la vitesse sera ralentie. Par exemple, sur la Saône, baisser le niveau d’une digue pour que l’eau entre dans le champ d’expansion au nord de Chalon permet de faire baisser la hauteur d’eau pendant la crue de 15-20 cm et d’éviter l’inondation de plusieurs quartiers de la ville. - Des réservoirs de biodiversité
A la frontière des écosystèmes aquatiques et terrestres, les zones humides abritent des espèces terrestres, semi-aquatiques et aquatiques, constituant une diversité biologique animale et végétale très élevée. Avec 1,5 millions d’hectares, soit 3 % du territoire métropolitain, les zones humides hébergent la moitié des espèces d’oiseaux et le tiers des végétaux rares et menacés (orchidées, plantes carnivores, laîches, etc.). Les zones humides sont vitales pour beaucoup d’animaux : les oiseaux y font étape lors des migrations, les insectes (libellules, papillons), les poissons (brochet), les amphibiens (grenouilles, tritons) et les oiseaux s’y reproduisent et s’y nourrissent ; de nombreux animaux (loutre, castor, etc.) y trouvent des sites de refuge et d’hivernage
- Des filtres naturels
Les milieux humides contribuent à épurer l’eau en retenant les éléments nutritifs en excès, les particules fines et les polluants dans leurs sédiments, leurs sols et leur végétation, grâce à des processus physiques, chimiques et biologiques. Ils régulent le phosphore, l’azote en général et les nitrates en particulier. Dans les sols gorgés d’eau, des bactéries décomposent les nitrates pour en prélever l’oxygène, libérant l’azote sous forme atmosphérique. Ce phénomène peut éliminer jusqu’à 400 kilos d’azote par hectare et par an !
En filtrant naturellement les pollutions diffuses, les zones humides jouent un rôle important dans l’épuration de l’eau. Les forêts alluviales et les roselières (roseaux, massettes…) en bordure d’eau sont particulièrement performantes : 30 mètres de végétation peuvent éliminer 80 % des teneurs en nitrates des champs en amont. Les zones humides ont un pouvoir d’épuration qui permet une économie de traitement de l’eau potable estimée à 2 000 € par hectare par habitant et par an.
- Un rôle social économique et culturel
De grandes civilisations se sont développées en lien avec les milieux humides. Les estuaires, les deltas et les rivières ont fait la prospérité de la Mésopotamie, de l’Égypte le long du Nil ou de Rome avec les marais pontins. Plus près de nous, les zones humides profitaient à nos ancêtres : chasse, pêche, cueillette des morilles ou des escargots, récolte de l’osier ou de la blache…De nos jours, les zones humides sont des lieux de détente et de loisirs (promenade, pêche, chasse, baignade, etc.) qui génèrent localement des retombées sociales et économiques. Ces milieux représentent de plus un patrimoine paysager et culturel, indissociable de l’image de certains territoires, et ont une dimension pédagogique, d’information et de sensibilisation sur la biodiversité et la fragilité des écosystèmes.
Pour aller plus loin : Les fonctions hydrologiques, biogéochimiques et biologiques des zones humides à retrouver sur https://rhone-mediterranee.eaufrance.fr/consultationsdonnees/catalogue-des-donnees-et-documents-telechargeables
Quelles sont les principales menaces qui pèsent sur les zones humides ?
- L’urbanisation
Le remblaiement des zones humides pour la réalisation de logements ou de zones d’activité, mais aussi de routes, voies de chemin de fer ou d’aménagement de loisirs (domaines skiables) est encore fréquent.
Outre la destruction pure et simple de la zone humide, ces opérations entraînent des modifications hydrauliques et conduisent au mitage et au cloisonnement des zones humides, ce qui nuit à leur bon fonctionnement (épuration, régulation de la ressource). - Les pollutions
Les grandes cultures agricoles, les défauts d’assainissement ou les rejets industriels contribuent à la dégradation des zones humides. La pollution organique (rejets industriels, agricoles et domestiques) provoque la baisse du taux d’oxygène dans l’eau. Elle peut conduire à l’eutrophisation, l’enrichissement du milieu aquatique en nutriments (azote, phosphore) issus de l’épandage d’engrais, de fumures et des eaux usées. Ce phénomène cause de graves perturbations sur les écosystèmes avec la prolifération d’algues limitant le développement des autres espèces.La pollution bactériologique est véhiculée par les micro-organismes pathogènes, vecteurs de maladies, présents dans les eaux usées.La pollution toxique est provoquée par les pesticides, métaux lourds et hydrocarbures issus des rejets industriels et agricoles. Elle entraîne la destruction de la faune et de la flore, ainsi qu’une dégradation de la qualité de l’eau pouvant nécessiter des actions coûteuses de dépollution. - Le drainage
Destiné à éliminer l’excès d’eau dans le sol, le drainage transforme des milieux humides en terres labourables, en espaces verts ou en terrains constructibles. Il peut prendre deux formes : l’enfouissement de drains perforés ou le creusement de rigoles.
Le drainage entraîne une perte totale ou partielle des fonctions des milieux humides.
L’eau étant évacuée, la zone humide s’assèche, privant la nappe d’une partie de son alimentation, ce qui favorise les phénomènes de sécheresse et d’érosion. - La création de plans d’eau ou retenues
Le recours à la submersion de zones humides est employé pour la création de plans d’eau ou de retenues diverses (ex : barrages hydroélectriques, stockage d’eau destinée à la production de neige artificielle ou à l’irrigation, bassins d’écrêtement de crue, déversoirs d’orage, etc.).
Cette pratique modifie l’hydrographie du site et peut se traduire par un assèchement des cours d’eau annexes. La vitesse du courant est ralentie, l’eau se réchauffe : les espèces d’eau vive disparaissent et l’augmentation de l’évaporation influe sur l’alimentation des nappes phréatiques. - Le boisement artificiel
Autrefois entretenues par l’activité agricole pour la fauche ou le pâturage, les zones humides sont devenues moins intéressantes à exploiter lorsque l’agriculture s’est mécanisée, dans la deuxième moitié du XXe siècle. Certains propriétaires ont choisi de boiser artificiellement les prairies humides des vallées alluviales avec la plantation de peupliers sur (ex : Saône, Isère) ou de résineux (pins sylvestres, épicéas) sur les landes humides et les tourbières.
Ces plantations, souvent accompagnées de drainage ont réduit la biodiversité et favorisé l’essor d’espèces végétales invasives. De plus, ces plantations réduisent les espaces de débordement de cours d’eau qui atténuaient les inondations en aval
Pour plus d’infos, consultez l’Atlas des pressions et les couches des espaces humides de référence proposés par l’Agence de l’eau Rhône Méditerranée Corse : https://rhone-mediterranee.eaufrance.fr/consultationsdonnees/catalogue-des-donnees-et-documents-telechargeables
Que peuvent faire les conservatoires d’espaces naturels pour m’aider à identifier une Zone Humide ?
Les CEN peuvent vous accompagner pour expertiser ces milieux, afin de les intégrer au sein des inventaires départementaux, et des documents d’urbanisme. Parce que mieux connaître, c’est le préalable indispensable à une protection efficace !
Les CEN vous accompagneront ensuite pour mettre en place les actions concertées les plus pertinentes pour que votre zone humide soit préservée et valorisée.
Toutes les zones humides sont-elles protégées ?
Inventoriée ou non, toute zone humide est protégée par la réglementation.
Les inventaires réalisés dans notre région contiennent d’une part des données sur les zones humides (pédologie, habitats, flores, état de conservation, …) et d’autre part une cartographie de ces même zones. Réalisés selon des méthodologies différentes selon les territoires, ce sont des supports méthodologiques et d’alerte à l’attention des différents acteurs du territoire et des services de police de l’eau de l’État. Ce ne sont en aucun cas des zonages opposables, mais ils doivent être pris en compte, par exemple, dans le cadre d’élaboration ou de révision d’un plan local d’urbanisme (PLU), de demande d’autorisation au titre de la police de l’eau, d’élaboration de mesures compensatoires, de mise en œuvre des SDAGE, etc.
Une cartographie interactive [1] est mise à jour annuellement. Elle intègre de nouveaux inventaires réalisés par les acteurs de terrain. Des données associées à cette cartographie permettent d’en savoir plus sur les zones humides et sur la méthodologie de chaque inventaire. Pour plus d’informations nous vous invitons à prendre contact avec la Direction Départementale des Territoires (DDT) de votre département.
L’agence de l’Eau Rhône Méditerranée Corse appui le travail des collectivités en faveur des Zones Humides avec les espaces humide de référence. Cet outil élargit le champ de réflexion aux fonctions et fonctionnement des zones humide au-delà de leurs périmètres de délimitation. Il permet d’accompagner les collectivités dans les plans de gestion stratégique, les stratégies foncières, les documents de planification pour améliorer la pertinence des actions (préservation, restauration, gestion …)
L’ESPACE HUMIDE DE RÉFÉRENCE : UN NOUVEAU RÉFÉRENTIEL EN APPUI À LA GESTION DES ZONES HUMIDES
https://rhone-mediterranee.eaufrance.fr/consultationsdonnees/catalogue-des-donnees-et-documents-telechargeables
Quelques photos pour illustrer :
Et si les zones humides étaient un atout pour mon territoire
En image !
Coenagrion puelle - Tourbière de Couleyre - Montagne ardéchoise - Ardèche
©VPierron
Papillon Maculinea
©Cen Rhône-Alpes
Libellula depressa - Tourbière de Couleyre - Montagne ardéchoise - Ardèche
©VPierron
Marais de Vaux - Bugey - Ain
©Cen Rhône-Alpes
Mare en tourbière - Montagne ardéchoise - Ardèche
©VPierron
Orchis incarnat Dactylorhiza incarnata - Plateau mornantais - Rhône
©Cen Rhône-Alpes
Paon de Jour sur populage des marais - Prairie humide du Beaujolais - Rhône
©Cen Rhône-Alpes
Salicaire, libellule et renoncules - Marais de Morlin-Rhône
©Cen Rhône-Alpes
Sonneur à ventre jaune - Prairie agricole pâturée
©Cen Rhône-Alpes
Végétation - Tourbière en hiver
©NGreff
Epipactis des marais - Savoie
@Gilles Parigot
Grèbe huppé - Savoie
@Manuel Bouron
Lac de la Thuile - Savoie
@Frederic Biamino
Martin pêcheur - Savoie
@Manuel Bouron
Tortue cistude - Savoie
@Manuel Bouron
Tourbière des Saisies
@Virginie Bourgoin
Lac du Bourget - Savoie
@Manuel Bouron
Aeschne - Savoie
@Gilles Parigot
Etang des Aigrettes - Savoie
@Gilles Parigot
Lac des hurtières - Savoie
@CEN Savoie
Marais de Charvas – Isère
©Jean-Luc Grossi
Marais de Charvas – Isère
©Mathieu Juton
Marais de Cras – Isère
©Marjorie Siméan
Marais des Engenières – Isère
©Mathieu Juton
Marais des Engenières – Isère
©Marjorie Siméan
Marais d'Avalon
©Cen Isère
Marais de Berland – Isère
©Dominique Lopez Pinot
Koniks – Polski – Isère
©Guillaume Pasquier
Zone humide alluviale du Chablais - Haute-Savoie
@Asters
Zone humide des Aiguilles Rouges - Haute-Savoie
@Julien Heuret
Aglais urticae - Haute-Savoie
@Alexandre Guillemot
Crocothémis erythraea - Haute-Savoie
@Alexandre Guillemot
Drosera Rotundifolia - Haute-Savoie
@Alexandre Guillemot
Glaieul des marais - Haute-Savoie
@Théophile Laurent
Marais du Chenet - Plateau des Bornes - Haute-Savoie
@Asters
Etang de Crosagny - Haute-Savoie
@Thomas Martin
Plateau de Véry – Praz sur Arly - Haute-Savoie
@Thomas Martin
Marais de l’enfer Saint Jorioz - Haute-Savoie
@Asters